Le miracle réalisé par Strindberg réside dans l'équilibre des forces de la tragédie et de la comédie. Le spectacteur oscille constamment entre les deux univers: le tragique devenant dérisoire et la comédie grinçante. Julie pourrait-être une héroïne racinienne, Andromaque ou Phèdre, boulversée par des désirs inavouables prisonnière d'une déstinée savamment orchestrée par les dieux symbolisés ici par un comte omniprésent.
Texte: Mademoiselle Julie d'August Strindberg
Texte français: Boris Vian
Musique: Alfred Schnitke
Mise en scène et décor: Olivier Borne
Avec: Pascal Bongard, Hanna Klinger (Laurence Monot), MinaMengual
Costumes: Alain Burkarth
Lumière/Régie: Etienne Agnan
Maquillage: Carole Bertholin
Photographie: Alain Dugas
Administration: Hervé Legallo
Production: Théâtre 332
Dans un décor de cuisine à moitié effondrée, traversée d'incongrues " poussées " de rêves, deux personnages s'affrontent et se déchirent.



Les espaces scéniques que j'ai conçus pour Mademoiselle Julie d'August STRINDBERG et pour les Bonnes de Jean GENET sont construits à partir de volumes utilisant différentes valeur du noir. La lumière crée presqu'en totalité l'évolution dramatique de cet espace. La lumière travaille en ricochés, elle s'appuie sur un espace existant immuable où seuls les changement de son intensité et de sa direction nous donnent la modification de cet espace. Sans cette lumière l'espace est vide de sens.
Parallèlement, diriger un acteur, c'est d'abord lui imposer, à l'intérieur de cet espace, des déplacements précis; la rencontre entre ces positionnements fragiles dans l'espace et le texte doivent obliger le comédien, dans ces constants déséquilibres, à inventer un mode de survie, ou à voir disparaître son personnage dans l'image. Quoi de plus paradoxal qu'un animal acculé au fond d'une cage par le simple faisceau d'une lampe électrique: il reste là, blotti, sans bouger comme s'il s'imaginait faire partie du décor.